Les 30 septembre et 1er octobre, l’espace du Tripôle à Yverdon accueillait des représentant-e-s des communes pour deux journées de réflexion sur la sensibilisation des citoyen-ne-s à la réduction des déchets. Trois domaines ont été abordés : l’alimentation, les appareils électriques/électroniques et les textiles.
« Entre des courgettes emballées sous plastique en grande surface et des courgette achetées en vrac, lesquelles ont le bilan carbone le plus élevé ? » La première journée a démarré avec cette question de Damien Friot, spécialiste en comptabilité environnementale, qui présentait la méthode de l’Analyse du cycle de vie d’un produit. La réponse a pour le moins surpris l’assemblée: l’emballage permet de réduire les déchets générés jusqu’au point de vente, conférant aux courgettes emballées un meilleur bilan carbone. « Il se trouve qu’en matière d’impact sur l’environnement, nos intuitions sont souvent fausses » a commenté l’intervenant. « Par exemple en Suisse, les émissions carbone liées au plastique sont inférieures à celles du gaspillage alimentaire. » L’Analyse du cycle de vie prend en compte une multiplicité de critères . Elle peut aider les communes à prendre des mesures sur les aspects qui ont vraiment un impact et éviter les fausses bonnes solutions environnementales.
Gaspillage alimentaire : changer les habitudes
La journée s’est poursuivie autour du thème du gaspillage alimentaire. Claudio Beretta de foodwaste.ch a expliqué que les les ménages suisses en sont responsables à hauteur de 38%, contre 14% pour la restauration. Une représentante de la Fédération romande des consommateurs a éclairé sur les cause du gaspillage des ménages : mauvais entreposage, restes, confusion sur les dates indiquées. Il s’avère donc primordial de sensibiliser les particuliers en leur apportant de l’information. C’est notamment le but poursuivi par la campagne « Save Food, Fight Waste » en cours actuellement dans tout le pays. Les participant-e-s ont ensuite pu découvrir des initiatives concrètes de lutte contre le gaspillage, telles que les frigos communautaires Madame frigo , l’épicerie gratuite pour étudiants La Farce ainsi que Kitro, un système à la technologie novatrice qui calcule les déchets des restaurants en vue de les réduire.
Appareils électriques et électroniques : rallonger la durée de vie
La deuxième journée a abordé les moyens pour réduire l’impact environnemental des appareils électriques et électroniques. Boris de Fautereau de SOFIES a souligné que les solutions prioritaires restent la prévention en allongeant la durée de vie des objets. L’indice de réparabilité en vigueur actuellement en France s’avère être un bon moyen d’informer les consommateur-ices et de lutter contre l’obsolescence programmée. En Suisse, différents acteurs privés s’intéressent au réemploi et le bureau Le Bird mène actuellement une étude pour évaluer son potentiel. Des initiatives concrètes ont été présentées, dont Recommerce et son reconditionnement des smartphones ainsi que le magasin de réparation La Bonne Combine à Lausanne. La Ville de Carouge a présenté ses solutions pour rallonger la durée de vie des appareils à travers l’organisation d’ateliers de réparation et la distribution de bons de réparation aux habitant-e-s.
Textiles : réduire, réparer, valoriser
L’événement s’est terminé sur le thème des textiles. Dans un contexte de consommation en hausse et de prix toujours plus bas, Jeanne von Segesser de Fashion revolution a insisté sur la nécessité d’une révolution de la mode : « Pour changer les comportements, il faut sensibiliser aux vrais coûts de la mode, en particulier les impacts sociaux et environnementaux. » Fanny Dumas de Fair’act a présenté son approche en quatre points pour agir en tant que citoyen-ne-s : « Consommer moins / Acquérir autrement /Choyer ses vêtements / Transformer de manière durable. » Une représentante du label suisse de mode conscient Apesigned a montré comment il est possible de favoriser les circuits courts. Deux bénévoles des Repair-cafés de la Ville de Lausanne ont relevé l’intérêt des citoyen-ne-s pour la réparation des vêtements et ont incité les communes à mettre en place des infrastructures pour proposer des ateliers permanents à leurs habitant-e-s. Finalement, des représentants des entreprises de collecte Textura et Texaid ont présenté le fonctionnement de leurs structures. Pour les communes, les pistes d’actions pour réduire l’impact des textiles sont variées: communication sur les initiatives existantes, organisation de vide dressing, mise en place d’un lieu de collecte/stockage de vêtements, organisation d’une semaine thématique, etc.
Construit en 2015 à Yverdon, le bâtiment du Tripôle réunit sous le même toit plusieurs acteurs romands du monde des déchets et du recyclage. Les Journées du Tripôle rassemblent chaque deux ans les professionnel-le-s du secteur autour d’une thématique spécifique.